Historiquement, M6 est "la petite chaîne qui monte, qui monte". En seulement 10 ans, de 1987 à 1998, la chaîne a fait grimper sa part de marché jusqu'à atteindre un pic entre 1999 et 2001 à 13,6%. Puis jusqu'en 2006, elle avait réussi à se stabiliser auour de 12,5% avant de subir de plein fouet l'arrivée de la TNT. Ainsi, entre 2006 et 2007, la part de marché d'M6 chute d'1%. Aujourd'hui en 2014, la chaîne est revenue à une moyenne de 9,9%, une part d'audience égale à ses scores du début des années 90, lorsque M6 progressait à vue d'oeil. Retour sur les multiples problèmes que subit la chaîne privée.
Les divertissements en difficulté
Les deux dernières saisons auront été dures pour M6 côté divertissements. L'une des catastrophes de la chaîne sur ce créneau est "Pékin Express". Le jeu d'aventures dont la 10ème saison était diffusée au printemps 2014 a vu ses audiences chuter gravement, atteignant ses pires scores. En moyenne, cette dernière saison n'a attiré que 2 millions de téléspectateurs et se termina dans l'indifférence générale. La 11ème saison n'aura sans doute pas lieu. Dans une moindre mesure, la 5ème saison de "Top Chef" aura été la pire niveau audiences (2,8 millions en moyenne). Pour le cas de ces deux programmes, la presse a pointé du doigt la longueur des primes (parfois jusqu'à 3h !) ainsi qu'un montage douteux (on se souvient qu'une partie d'un prime de "Top Chef" avait été coupé car jugée trop longue).
M6 avait également tenté, lors de ces deux dernières saisons, quatres nouveaux divertissements qui ont déçu : "Un air de star" programmé au printemps 2013 n'aura pas trouvé son public et a été officiellement annulé (2,5 millions de téléspectateurs en moyenne). "Ice Show" diffusé à l'automne dernier n'a pas non plus enflammé les téléspectateurs (2,8 millions en moyenne sur les quatres épisodes). "Qu'est ce que je sais vraiment ?", le jeu interactif présenté par le duo Lemarchand/Plaza s'est aussi retrouvé en difficulté avec 2,6 millions de fidèles en moyenne. Dans une autre case horaire, "Y'a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis", le talk-show très attendu de Valérie Dalimot programmé le samedi en fin d'après-midi n'a pa eu de suite après les 10 épisodes commandés. Pour cette dernière, la case horaire improbable lui aura été fatale. La liste des flops ne s'arrête malheureusement pas là : "La plus belle région de France", "2 Nannies d'enfer", "Mon bistrot préféré" (lancé en même temps qu'une émission semblable sur TF1, "L'addition s'il vous plaît")...
Finalement, que cela soit les valeures sûres de la chaîne ou des nouveautés, M6 semble perdue concernant les divertissements et plus particulièrement en prime. L'arrivée du télé-crochet "Rising Star" à la rentrée va-t-il changer la donne ?
De nouvelles séries qui peinent à s'imposer
Alors qu'il s'agit de l'un des maillons forts de la chaîne, l'année 2014 est pour l'instant difficile pour la Six concernant les séries en prime. Proposées régulièrement les mardis, jeudis, vendredis et samedis, les séries (le plus souvent américaines) représentent depuis les débuts de la chaîne une part importante dans la grille des programmes. En début d'année, M6 connaît un premier revers avec la deuxième saison de "Blue Bloods". Proposée le samedi face à "The Voice", la série passe à la trappe après deux semaines en raison des très mauvaises audiences (1,8 million en moyenne et moins de 9% de pdm). Même sort pour "Perception" qui n'a duré que deux semaines également le jeudi avec seulement 2,1 millions de fidèles en moyenne.
Puis le 21 juin, M6 lance "Devious Maids" avec 4 épisodes chaque samedi. En moyenne, la série ne rassemble que 1,1 million de téléspectateurs et 6,9% du public. Il s'agit de l'un des pires scores pour une série en prime depuis la création de M6. Le 1er juillet, la chaîne lance la première saison de "Scandal". La série est suivie par 2,2 millions de téléspectateurs en moyenne tous les mardis. En ce moment, M6 continue la diffusion avec la deuxième saison.
Plusieurs mauvais scores d'audiences pour ces séries qui s'expliquent par une programmation désastreuse de la chaîne : par exemple, "Devious Maids" est lancé le 21 juin face à la Fête de la Musique sur France 2 et à un match de la Coupe du Monde sur TF1. Autre exemple : "Scandal" dont la saison 1 s'est achevée face à la finale de la Coupe du Monde sur TF1. De plus, en proposant jusqu'à 4 épisodes inédits par soir, les téléspectateurs se plaignent de ne pas pouvoir suivre confortablement les séries. Il est évident qu'avec une telle programmation, M6 flingue ses séries en les exépédiant le plus rapidement possible. Autre problème de programmation : la contrainte du CSA, ce qui oblige M6 a diffuser certaines séries comme "The Good Wife" ou "Damages" après 22h30. Résultat : des épisodes inédits de ces deux séries sont diffusés le mardi soir entre 23h30 et 3h du matin !
Un mauvais bilan pour 2014
Comme évoqué au début, M6 a atteint ses deux pires parts d'audience mensuelles depuis 1992 lors des mois d'avril 2014 et de juin 2014 (9,5% puis 9,4%). La concurrence est rude, le paysage audiovisuel français évolue mais M6 s'auto-détruit aussi à cause de mauvais choix.
En coulisses, on raconte le mauvais climat qui règne actuellement au sein de la chaîne. Télérama a enquêté et révèle de vives tensions. On apprend que des rédactions fusionnent pour réaliser des économies. Résultat : « On ne sait plus pourquoi on travaille », expliquent plusieurs journalistes, qui témoignent tous d'une « perte des repères et de l’intérêt du travail » et déplorent un « éditorial de plus en plus cheap ». Les journalistes qui ont enquêté on mis la main sur un mail, envoyé fin 2012 par une journaliste en arrêt de travail à ses collègues. Intitulé « Les raisons de mon craquage » , il raconte de façon extrêmement détaillée, sur deux pages, le déroulement de ses trois dernières journées de travail interminables, exténuantes et pour tout dire absurdes, régies par des ordres et contre-ordres de la rédaction de Paris. Le mail se termine par cette phrase : « J'ai craqué aujourd'hui mais je reste motivée et passionnée par mon travail, je voudrais juste tirer la sonnette d'alarme. J'ai vu mes ex collègues en burn out. Je me suis accrochée, mais aujourd'hui, j'ai l'impression de déployer des trésors d'énergie en vain ».
La question est aujourd'hui de savoir si M6 est finie ou si la chaîne traverse simplement une mauvaise période. On se souvient de TF1 qui, en 2010, connaissait également des moments de tension en interne accentués par des mauvais résultats d'audience. Mais la Six peut heureusement compter sur des valeures sûres qui fonctionnent toujours auprès du public et ainsi rester l'une des chaînes préférées des français.